par Annie Takarli

groupe festival algerie en mouvementLe Festival Algérie en Mouvement est une initiative de l'association Forum France Algérie (FFA), qui regroupe des personnes attachées à développer une relation de qualité entre les peuples français et algérien basée sur le respect, le dialogue et l'inter-connaissance. L'essentiel des activités du Forum repose d'une part sur la diffusion d'informations à travers notamment un site web dynamique et une news-letter largement diffusée aujourd'hui et d'autre part, sur l'organisation et l'animation de rencontres-débats publics sur des sujets qui concernent les deux pays dans les domaines de la  culture, de l'histoire, du sociale, de l'économie.....

Ainsi, le FFA prend en compte dans sa démarche de dialogue et de rapprochement, des enjeux sociétaux importants tels qu'ils se posent aujourd'hui à l'Algérie et à la France et qui sont malgré des contextes différents en forte résonance. Parmi les thèmes abordés, on peut citer   la montée de l'islamophobie, le racisme, la perte de repères identitaires, le vivre-ensemble à l'heure de la mondialisation, le développement économique et surtout humain, la vie démocratique...  

La naissance de l'idée.
La citoyenneté est l'un de ces enjeux partagés par les deux pays qui conditionnent leur avenir et la qualité de leur vie démocratique. L'Algérie est un pays jeune ou l'engagement citoyen s'exprime essentiellement à travers l'action associative.  Comment en parler, le faire découvrir, comment en montrer le dynamisme et les aspects positifs et faire évoluer les représentations simplistes bien trop répandues  parmi la population française y compris parmi les franco-algériens ? C'est en s'inspirant d'une expérience franco-brésilienne, qu'est née l'idée, au sein du Forum France-Algérie de créer un événement, un « festival », dédié à la société civile algérienne qui serait à la fois festif, culturel et un moment d'échange d'expérience et de dialogue.

Dans cette perspective, le festival s'est donné un double objectif :
- faire découvrir et valoriser en France une facette méconnue de l'Algérie contemporaine, portée essentiellement par une jeunesse soucieuse du devenir de sa société et qui s'investit dans des actions citoyennes et innovantes couvrant de nombreux domaines.
Le second objectif est de permettre aux acteurs de la société civile algérienne de s'ouvrir sur d'autres réalités, d'autres expériences, de tisser des liens avec des homologues franciliens qui se traduisent par des projets conjoints, des transferts de savoir-faire, des investissements, etc.

Une large mobilisation
Véritable projet mobilisateur, ce festival s'est inscrit dès le départ dans une démarche partenariale avec 3 autres associations : Touiza Solidarité, Kaina cinéma et l'Etoile culturelle d'Akbou dont les compétences complémentaires et les appuis dont ils disposent au sein des réseaux associatifs en Algérie et en France (Joussour, Anna Lindh...) ont permis le montage complexe et ambitieux du festival. Le soutien pro-actif des villes de Nanterre et Aubervilliers, impliqués dans le programme Joussour ainsi que  celui de la ville Montreuil  ont  donné à ce projet un véritable  ancrage territorial et régional, justifiant l'appui financier de la Région Ile de France et de la Fondation Macif.

Mais il faut souligner aussi l'implication et l'engagement de nombreux autres acteurs en France comme en Algérie  qui ont cru en la pertinence de ce projet et sans qui ce festival n'aurait pu se réaliser pleinement. Cet enthousiasme largement partagé, a permis de dépasser nombre de difficultés dont  celle de l'identification des participants (en plein été ) et leur sélection  grâce aux partenaires algériens,  grâce aussi à l'appui de l'Ambassade de France pour les visas (moment clé), de l'Institut Français qui a soutenu l'exposition d'Art contemporain, de la société mixte Amana du groupe Macif qui a apporté ses compétences dans le domaine de l'économie sociale et solidaire et a contribué au financement du projet.

En France le lourd volet logistique a reçu le soutien de la ville de Montreuil pour l'hébergement, d'une société de transport pour les déplacements en minibus et de nombreux bénévoles d'associations locales pour l'accueil et l'accompagnement de la délégation, du public etc...

Quant à celui de la communication qui se devait d'être dynamique surtout pour une première édition, il s'est appuyé largement sur des partenariats avec des médias algériens et français tout en mobilisant également des réseaux sociaux et associatifs pour assurer une diffusion de l'information plus fine et plus ciblée.

Quelques constats  à l'issue du festival
Les associations algériennes ont développé de nombreuses compétences et jouent un rôle essentiel dans de nombreux domaines de la vie socio-économique et culturelle algérienne. Elles sont le lieu privilégié de l'engagement citoyen des jeunes et leur espace de liberté. Elles sont devenues une force de proposition et d'innovation et gagne progressivement la reconnaissance des pouvoirs publics.
De nouvelles entreprises qui s’inscrivent dans la modernité et dans des démarches citoyennes, émergent en Algérie. L'économie sociale et solidaire est un champ nouveau qu'il faut continuer d'investir.

Il y a en France une grande méconnaissance des réalités algériennes et il y a en particulier une attente forte des franco-algériens pour s’informer de l’évolution de leur pays d’origine et pour contribuer à son développement.
Il faut continuer à faire connaître et valoriser les acteurs innovants et citoyens algériens et par la même continuer à tisser de nouveaux liens entre la France et l’Algérie au bénéfice des deux pays.
Ce projet a suscité l'intérêt et une forte mobilisation  de la part de tous les acteurs sollicités tant en France qu'en Algérie (Institutions, collectivités locales, fondation, entreprises, associations, personnalités du monde politique, culturel, universitaire...)

Si la première édition du festival a reçu un accueil très positif en France, on peut dès à présent engager une réflexion sur sa pérennisation et l'idée d'une deuxième édition qui pourrait avoir lieu en Algérie commence à faire son chemin. Il semble en tout cas que les conditions pour nourrir cette réflexion soient réunies : les passerelles du dialogue et de l'échange qui sont confortées, le plaisir de faire ensemble, des liens d'amitié tissés et un capital confiance qui continue de s'étoffer  projet après projet au sein des sociétés civiles des deux pays.

Le festival et quelques chiffres : 
Pendant une semaine, le festival a accueilli une délégation de 20 responsables associatifs, artistes et entreprises algériennes citoyennes venus de différentes régions d'Algérie. (Tamanraset, Ghardaia, Taghit, Sidi Belabbes, Oran, Alger, Tizi Ouzou, Bouzeguene, Skikda...)

- Une quinzaine de visites de terrain et des échanges d'expérience avec des acteurs franciliens de l'ESS et de la solidarité en Ile de France ( à Paris, Nanterre, Montreuil, Aubervilliers, Saint Denis et Aulnay sous Bois).

- 6 rencontres-débats publics introduits par des petits documentaires réalisés en Algérie animés par  17 intervenants algériens qui ont présenté alternativement leur organisation et ont témoigné de leur expérience dans les domaines de l'ESS, de l'engagement  citoyen,  de l'environnement, du développement durable, des nouveaux médias et des réseaux sociaux (à Paris, Nanterre, Montreuil et Aubervilliers)

- Des manifestations culturelles dont une exposition d'art contemporain à la galerie Talmart,  un ballet de danse orientale contemporaine  ainsi qu'un concert de la jeune scène musicale franco-algérienne en clôture du festival (à Paris et Aubervilliers)

Un public au rendez-vous avec plus de 500 participants qui ont pris part aux différentes rencontres et manifestations culturelles.
Un documentaire  de 52 mn sur le festival réalisé par l'association Kaina Cinéma encore en cours de montage et qui permettra de rendre compte de l'ambiance, de la qualité et de l'intensité des échanges qui ont eu lieu tout au long du festival.

Accéder à l'article sur la lettre de Joussour