Opinions
On voit des images de manifestations déjà vues en France, quand on s’intéresse un peu à l’Algérie. À ceux qui les découvrent, elles parleront mais ils devront se garder de croire qu’elles montrent toute la réalité de ce qui s’y passe, pour autant qu’on puisse la saisir en son entier, ce que je crois très difficile ou impossible, surtout en 70 mn. Les personnes qu’on voit et entend représentent une élite intellectuelle et proche de nos valeurs, ils parlent un français bien maîtrisé. Les Kabyles sont surreprésentés, ainsi que les Algérois. (Moi, l’Oranais, ça m’enrage un peu). Bon, ces hommes et ces femmes ont du courage. Pour toutes ces raisons, ils touchent d’autant plus notre sensibilité mais ils ne représentent qu’une petite f. fraction de la population algérienne. Cela ne veut pas dire qu’il faut les ignorer d’autant plus qu’ils expriment une souffrance
et des espérances très partagées dans le pays. Il m’importe peu que le réalisateur soit algérien (c’est le cas) ou français, mais il est dommage qu’il ait privilégié sa subjectivité et l’émotionnel au détriment d’une approche des aspects contradictoires de la situation. Ils auraient donné du relief au documentaire.
On sait déjà –si on suit, même un peu, les affaires algériennes- quelle est la difficile condition de la femme dans le pays, quelle est la difficile situation de l’emploi pour les jeunes, quelle sensation d’étouffement, de confinement les oppresse, quel est le degré de frustration et d’hypocrisie sexuelles régnant dans la société, combien est sensible la question kabyle et la question du respect des droits de l’homme. Mais on sait aussi que le Hirak est un mouvement non homogène politiquement, socialement, idéologiquement, religieusement, linguistiquement, identitairement… Son devenir est incertain, on ne voit pas assez ces contradictions. On ne voit pas les urgences de la question environnementale, de la question alimentaire.
Le 19 mai 2014
Hassane Zerrouky réagit aux attaques envers la ministre de l'éducation algérienne, Nouria Benghabrit-Remaoun, concernant ses origines juives.
C'est à chaud que j'écris ce papier. Cela se passe chez nous. Je ne connais pas Nouria Benghabrit, la nouvelle ministre de l'Education nationale. Mais cette campagne antisémite primaire l'accusant d'être juive me révulse. Voilà où on en est dans ce pays qui s'appelle l'Algérie, qui a vu des militants communistes comme Maurice Laban (issu de la communauté juive de l'est algérien) qui, sans attendre la décision du Parti communiste algérien, avait rejoint l'ALN dans les Aurès pour combattre le colonialisme. Un homme à qui Mustapha Ben Boulaid, un des membres fondateurs du FLN, qui le connaissait personnellement, lui avait demandé de mettre son expérience - Laban était un ancien des brigades internationales en Espagne - au profit des jeunes combattants de l'ALN.
D'autres Algériens issus de la communauté juive algérienne installée en Algérie avant l'arrivée de Okba ibn Nafaa - William Sportisse, Daniel Timsit et j'en passe - et ce, sans compter Henri Alleg venu d'Angleterre très jeune pour combattre le colonialisme français et qui était resté jusqu'à la fin de sa vie habité par l'Algérie.., ont sacrifié leur jeunesse pour certains et leur vie pour les autres pour ce pays qui s'appelle l'Algérie. Et oui, même s'ils n'étaient pas nombreux, il y avait parmi le million de chahid des juifs, des chrétiens, des communistes, des athées...
Ainsi, plus de 50 ans après la fin de la guerre d'indépendance, on continue encore de colporter un discours raciste, oubliant le sacrifice de ceux issus de la communauté juive qui sont aussi Algériens que ceux qui se revendiquent de l'arabe-salafisme ou de ceux - pour moi ils sont Algériens - d'origine européenne, morts pour l'indépendance de l'Algérie. Faut-il rappeler que dans le "staff" de l'émir Abdelkader il y avait deux juifs ?
Si des ignares, et ils le sont, nourris au salafisme, se permettent de telles insanités racistes, c'est parce que le pouvoir politique depuis la politique dite de réconciliation nationale leur permet d'occuper des espaces que par ailleurs il a interdit à la pensée rationaliste. Quant au nouveau ministre de la Communication qui a affirmé qu'il traquerait la diffamation, il a là l'occasion de joindre l'acte à la parole: traduire en justice ceux qui appellent à la haine.
Hassane Zerrouky, le 8 mai 2014
Source : Le Matin DZ
Commentaire de Daniel Gall, membre du Forum France-Algérie :
La réponse de Hassan Zerrouky est nécessaire et peut-être pédagogique, mais insuffisante. Ce n’est pas parce que des juifs ont combattu le colonialisme que les attaques contre une juive ( qu’elle le soit ou non, cela n’a pas d’importance) sont inacceptables. C’est parce qu’il s’agit de la manifestation élémentaire du racisme, celle qui consiste à juger une personne sur ses origines. En France, nous rappelons souvent la contribution des peuples de l’ex-empire au développement et à la défense de la France, mais cela permet de mettre en valeur ces héros, de les insérer dans le « roman national », de montrer qu’ils sont « nous » parce qu’ils partagent notre histoire. Mais ce n’est pas cela qui fonde le refus des discriminations. C’est simplement parce qu’un homme est un homme, quelle que soit son origine.
Le 9 août 2013
Réflexion sur l'islam et la laïcité
Suite à une proposition du Haut Conseil à l'Intégration d'interdire le port du voile islamique à l'université, Karim Amellal, auteur et enseignant à Sciences po et défenseur du multiculturalisme, se questionne sur le sens initial du mot laïcité et sur les dérives de son application. La laïcité, pilier de notre démocratie, repose sur trois principes (non-intervention de l'Etat dans les affaires religieuses, liberté de culte et égalité des cultes) , mais aujourd'hui seul le deuxième semble primer. A cela Karim Amellal voit 4 explications : la conjoncture économique actuelle qui favorise la stigmatisation de l'autre, la radicalisation de l'islam dans certaines régions du monde, l'essoufflement de la religion prédominante en France et la nouvelle visibilité de l'islam comme source de solidarité pour les plus démunis. Dans cet article, Karim Amellal met en garde le lecteur contre l'utilisation de la laïcité comme prétexte à l'islamophobie et au racisme.
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Source : MediaPart
Le 11 juillet 2013
Le chroniqueur Akram Belkaïd décortique les faiblesses de la démocratie et se prononce en faveur d'une réforme structurelle.
Résumé de l'article :
Dans cet article, l'auteur pointe les faiblesses de la démocratie. L'actualité (en Egypte et en Tunisie notamment) nous montre que les processus électoraux n'engendrent pas nécessairement la satisfaction du peuple. Selon Belkaïd, ces failles ne s'observent pas seulement à l'échelle du Maghreb, mais aussi dans les pays dits développés où la perte de confiance de la population envers les politiques est manifeste.
Pour corriger ces failles, l'auteur émet la possibilité de revenir sur un vote si l'élu est déclaré comme défaillant par la majorité. Belkaïd souligne le fait que l'élection ne doit pas être vue comme la bénédiction que le peuple donne à l'élu pour une longue période ni comme quelque chose d'acquis et sans contrepartie. L'élu doit garantir au peuple ce qu'il lui a promis. Belkaïd reconnaît néanmoins que les moyens pour mettre en oeuvre cette démocratie du "recall" (les pétitions notamment) n'ont été jusqu'à présents que peu efficaces. Il préconise le recours à des moyens institutionnels forts tout en admettant que la mise en place de la démocratie du "recall" est un processus délicat du fait que la transition démocratique est seulement amorcée dans ces pays.
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Source : Blog d'Akram Belkaïd