A l'occasion du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et de la journée mondiale de la diversité culturelle, l'association Les Marianne de la diversité a décidé d'organiser une rencontre avec des femmes de culture et d'écriture qui nous racontent "leur histoire d'Algérie". Falida Mehal, présidente de l'association, nous a consacré une interview où elle nous en dit plus sur la genèse du projet "Femmes en dialogue".
- Forum France-Algérie : Pourquoi les Marianne de la diversité ont-elles pris l’initiative d’une rencontre de femmes écrivaines sur l’Algérie ?
Fadila Mehal : Après avoir observé toutes les manifestations sur la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, nous est apparu un grand vide avec une parole féminine souvent occultée, pour ne pas dire sous silence. Nous avons alors pensé à recenser toutes ces paroles de femmes écrivaines (et elles étaient nombreuses), pour donner à voir une autre mémoire et montrer que l’histoire algérienne pouvait aussi se raconter à travers elles. Il était aussi important que cette rencontre se fasse dans un lieu dédié aux femmes, c’est pourquoi nous avons choisi l’espace femmes-Antoinette Fouque qui nous semblait être le plus approprié. - Forum France-Algérie : Ne craigniez vous pas d’ouvrir les vieilles blessures du passé ?
Fadila Mehal : Non, car les écrivaines présentes le 23 mai sont animées par l’espérance et l’envie de comprendre ce qui s’est passé et de transmettre cette histoire pour panser les blessures. Une mémoire enfouie et occultée est le plus sûr moyen d’attiser l’amertume et le ressentiment. L’acte d’écriture est en soi porteur de délivrance et source de vérité. Il est important que ces vérités subjectives s’assemblent et se parlent. Elles permettent aux vieilles blessures de cicatriser. - Forum France-Algérie : Quel est le but de cette manifestation ?
Fadila Mehal : Nous avons eu la chance de découvrir des livres de femmes exceptionnelles, chacune d’entre elles a traduit avec ses mots et sa sensibilité une parcelle de la mémoire de ce que fut la guerre d’Algérie. Mais ce voyage dans ce passé commun est aussi l’occasion d’un dialogue apaisé et sincère sur l’Algérie en partage. Il est important pour nous que cette rencontre débouche sur une refondation de relations entre l’Algérie et la France. Des relations plus égalitaires et plus équilibrées, affranchies du sceau de la suspicion et de la défiance. Le voyage de François Hollande a tracé les lignes d’un nouveau chemin et les femmes que nous recevons seront à leur façon ces ambassadrices de paix.