En ce 21 janvier 2018, voilà 16 jours que vous nous avez annoncé Mme Garrigos votre intention de ne pas nous accueillir au sein du groupe des sous-locataires de l’espace associatif dans lequel nous avons toujours été locataire depuis notre création il y 24 ans. Voilà 16 jours que je retourne la question dans tous les sens et n’arrive pas à comprendre comment nous avons pu en arriver là.
Comment un acteur de la solidarité et de la défense des droits a-t-il pu se comporter de la sorte en foulant au pied tous nos principes ? Comment une ex-présidente d’Amnesty International France a-t-elle pu se comporter de manière aussi indigne et injuste?
Abus de pouvoir et fonctionnement non démocratique
Nous vous avons fait confiance et n’avons même pas signé de contrat avec vous pour garantir notre place en cas de signature du bail. Nous pensions naïvement que nous allions rejoindre un espace associatif solidaire comme celui que nous avions connu avec feu Enda Europe pendant 24 ans. A la place nous avons trouvé une organisation qui s’est arrogé tous les pouvoirs sans consulter ou même informer les autres membres du groupe sur des décisions aussi importantes que le coût et la nature des travaux à réaliser pour la rénovation des locaux et bien sûr sur le fait de nous écarter de la sous-location.
Absence de concertation
Nous avons eu en tout et pour tout une heure de discussion avec vous Mme Garrigos le 21 décembre qui à postériori apparait comme une concession à une des associations des voisines qui ne comprenait pas votre décision. En réalité, vous aviez déjà décidé le 6 décembre de nous écarter et cela de manière unilatérale sans même chercher à nous entendre et en prenant soin de ne jamais répondre à nos messages conciliants.
Ni pardon ni seconde chance
Tout aussi choquant est le fait que vous invoquez que notre mode de fonctionnement serait incompatible avec le vôtre et cela sans donner aucune chance à notre cohabitation. Vous avez aussi invoqué dans votre courrier du 6 janvier le fait que nous ne serions pas une association engagée en faveur des droits des femmes ce qui (i) est surprenant car, depuis quand devrait-on travailler sur les mêmes sujets pour cohabiter, et (ii) est faux, le Forum France-Algérie étant activement engagé sur la question des droits des femmes (cf. pour exemple la soirée place des femmes dans l’espace public en Algérie que nous avons organisée le 27 septembre 2017 à l’Entrepot. Mais vous n’avez jamais cherché à nous connaitre, madame.
Je ne reviens même pas sur la nation de pardon qui vous est absolument étrangère. Bien au contraire, vous avez utilisé des prétextes fallacieux et futiles pour arriver à votre fin, c’est-à-dire, nous exclure du groupe, pour garder la « pureté thématique » et récupérer notre bureau en vous asseyant ce faisant sur notre contrat moral et sur des principes essentiels du monde civilisé, de l’humanisme et du monde de la solidarité et de la défense des droits.
Grande est notre douleur de devoir quitter des lieux qui ont tant compté pour nous pendant 24 ans. Des lieux qui ont hébergé des réunions mémorables de SoliMed ou du Forum France-Algérie, par exemple durant la campagne de dons en faveur des victimes du tremblement de terre de Boumerdes en 2003 où la salle de réunion de l’Espace était devenue le centre nerveux de tous les acteurs de la solidarité avec l’Algérie.
Nous partons mais nous n’abandonnons pas nos rêves et nos idéaux d'amitié et de fraternité, de collaboration et d’entraide associatives, de respect de la parole donnée, de concertation, d’écoute, d’humanisme, et de respect de l’autre.
Nous serons simplement plus vigilants et moins naïfs dans le futur. Tout ce qui brille n’est pas d’or…
Rappel des faits
Nos associations, Solidarité médicale Algérie et le Forum France-Algérie ont dû quitter notre local du 5, rue des Immeubles Industriels à Nation lorsque l’association qui était titulaire du bail principal, Enda Europe, a déposé son bilan en juillet 2017. En septembre, nous avons proposé à la propriétaire du local de rechercher une nouvelle association qui pourrait reprendre le bail en nous incluant parmi les associations sous-locataires, comme c’était le cas avec Enda Europe.
En octobre, nous avons pris contact avec le groupe des Voisines, associations féministes qui louaient un grand local en commun chez les Grands Voisins et qui recherchaient un nouveau local car elles devaient quitter « Les Grands Voisins » à la fin 2017. Les voisines ont visité le local de Nation et ont exprimé leur intérêt à emménager dans ce local très bien situé (150 m du métro Nation) et au loyer très avantageux (3000 € pour 160m2). La Fondation des Femmes s’est proposée pour devenir titulaire du bail.
En octobre et novembre, j’ai progressivement constitué notre dossier commun qui a été accepté le 20 novembre par la propriétaire, date à laquelle j’ai directement mis en relation Mmes Garrigos et Mailfert avec la propriétaire et son agence pour la signature du bail qui est intervenue le 4 décembre.
Nous avons entretenu des relations cordiales avec la Fondation des Femmes jusqu’à la fin novembre. Nous avons passé beaucoup de temps à monter le dossier avec la propriétaire et son agence. Il nous a fallu collecter les documents comptables de toutes les voisines, faire des allers-retours pour expliquer certains bilans, et s’entendre sur la caution bancaire. Nous devions également nous déplacer en permanence pour ouvrir la porte à la Fondation des Femmes pour organiser les visites de l’architecte en charge des travaux de rénovation. Nous avons également mobilisé un de nos membres pour le transport des nombreux objets qui devaient être emmenés au rebut pour que les travaux puissent commencer.
Fin novembre les relations se sont tendues avec la Fondation des Femmes qui nous a reproché :
- D’avoir promis une remise de trois mois de loyers de la part de la propriétaire que cette dernière avait effectivement accepté lors du montage du dossier mais ne proposait plus lors des discussions préalables à la signature du bail. Au final, nous avons obtenu deux mois de remise.
- D’avoir indiqué verbalement à Mme Mailfert que l’agence ne nous facturerait pas de frais d’agence. A aucun moment, je n’ai discuté ce point avec l’agence et ne pouvait donc pas m’avancer sur ce point.
Le 5 décembre après-midi la Fondation des Femmes nous a demandé de débarrasser à nos frais le local en guise de compensation pour les surcouts auxquels la Fondation ne s’attendait pas. Le 6 décembre, j’ai envoyé un message pour refuser que notre association finance seule la prise en charge de l’enlèvement des objets à mettre au rebut ce qui aurait signifié que nous reconnaissions nos torts alors que la Fondation des Femmes aurait dû au contraire nous remercier de les avoir fait bénéficier de cette opportunité.
Suite à mon message courtois mais ferme, je reçois le même jour un message injurieux et truffé de contre-vérités de Mme Garrigos qui remet en cause notre présence en tant que sous locataire.
J’envoie néanmoins plus de 6 messages conciliants à Mme Garrigos pour tenter de rapprocher nos points de vue sans recevoir une seule réponse.
Le 21 février, nous rencontrons Mme Garrigos par l’entremise d’une association amie, membre des Voisines qui assiste également à l’entrevue.
J’explique tous les efforts que nous avons fournis pour obtenir l’accord de la propriétaire pour notre dossier et tente de dissiper les malentendus. La rencontre est cordiale et Mme Garrigos nous indique qu’elle reviendra vers nous après avoir consulté son Conseil d’administration. Nous sommes confiants que la décision sera positive ayant, nous le pensons, réussi à clarifier tous les malentendus.
Le 5 janvier, à notre grande surprise, Mme Garrigos revient à nous en confirmant sa décision de ne pas nous accueillir dans les locaux que nous sous-louions depuis 24 ans et pour lesquels la Fondation des Femmes avait obtenu le bail par notre entremise.
Farid Yaker,
Président du Forum France-Algérie et de SoliMed
www.forumfrancealgerie.org et www.solimed.net
NB : je tiens à la disposition de tous les acteurs de la solidarité tous les échanges de courriels et sms avec Mmes Garrigos et Mailfert.